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Odile Bassinga , tête de liste du PAREN dans l’arrondissement 10 : « Je leur ai dit que je ne voulais plus jouer les seconds rôles »

vendredi 20 mai 2016

Après deux décennies d’engagement dans le monde associatif, Odile Bassinga/Ilboudo a décidé de mettre son expérience au profit de sa communauté en s’engageant en politique. A l’occasion des élections municipales du 22 mai, elle défend les couleurs du Parti pour la renaissance nationale (PAREN) dans l’arrondissement 10, secteur 41 où elle est tête de liste. Dans cette interview, dame Bassinga nous parle des motifs de son engagement politique et invite les électeurs à lui faire confiance.

Lefaso.net : Qu’est ce qui a motivé votre engagement en politique ?

Odile Bassinga : J’ai longtemps été engagée dans le milieu associatif, communautaire où j’ai touché du doigt les maux de ma société. Je suis communautaire depuis bientôt 20 ans, j’ai l’impression qu’il y a certains problèmes qu’on range dans les placards.
Il y a des promesses de solutions tout le temps, mais les mêmes problèmes ne font que resurgir. C’est pour tout cela que j’ai décidé de ne plus être observatrice, mais être une voie pour contribuer à faire changer positivement les choses.
Le développement local me tient à cœur et c’est ce qui explique mon engagement politique.

Vous êtes connue dans le milieu associatif depuis de longues années, mais votre engagement en politique date de quand ?

J’ai longtemps milité dans des partis politiques, avant de m’afficher et m’affirmer clairement au PAREN. C’est dans ce parti que j’ai décidé de m’engager totalement.

Mais je pense que mon cursus m’a aussi conduit en politique. J’étais actrice du théâtre, et je me rends compte que la politique est comme une scène de théâtre. Donc je ne suis pas en terrain inconnu (Rires).

Vous êtes tête de liste dans votre arrondissement, comment avez-vous accueilli cette confiance du parti en vous ?

Effectivement c’est une marque de confiance. Quand j’ai reçu les premiers responsables du parti qui sont venus me consulter, j’ai été claire. Je leur ai dit que je ne voulais plus jouer les seconds rôles. Ils m’ont répondu que c’est ce qu’ils voulaient ; des personnes engagées, qui savent où elles vont et ce qu’elles veulent.

J’avais un objectif, une trajectoire. Je voulais être la porte-parole des sans voix dans mon quartier. Porter les problèmes des jeunes et des femmes. C’était une occasion de continuer à défendre leur cause. C’est aussi une confiance qui sonne comme une charge pour moi.

Justement quels sont les problèmes auxquels sont confrontés les populations de votre arrondissement ?

Il y a l’éternel problème d’eau surtout dans les non lotis, d‘insécurité, et aussi de pollution. Nous sommes proches de la zone industrielle, actuellement on ne se rend pas compte. C’est plus tard qu’on sentira les effets de cette pollution sur notre santé. Cela implique aussi le problème d’hygiène.

En plus il y a trop de non lotis dans notre zone. Nous avons les non lotis les plus proches de la ville. Quand on quitte Kossodo, jusqu’à Nioko, il y a beaucoup de non lotis. Nous sommes plus proches de la ville que Rimkiéta, alors que ce quartier est loti et viabilisé. Ici nous sommes laissés à nous-mêmes. Voilà pourquoi il faut des voix qui portent les problèmes aux autorités pour qu’elles traduisent cela en programmes et projets de développement.

Il y a le problème crucial du chômage des jeunes et des femmes. Il n’y a pas d’activités. Il faut des formations qui débouchent sur des emplois en faveur des jeunes. En zone non lotie, les jeunes sont totalement oubliés. Nous sommes à côté de la zone industrielle qui doit normalement être pourvoyeuse d’emplois, mais nos jeunes n’ont pas de formation qui puisse leur permettre de décrocher un emploi. Il faut qu’on essaie de voir dans quelle mesure faire le plaidoyer pour l’emploi des jeunes dans les usines.

Comment comptez-vous résoudre ces problèmes que vous énumérez ?

Si je suis élue, ce sont des problèmes que je vais reposer sur la table. En cinq ans, même si tout n’est pas réglé, on a foi qu’on aura contribué à en résoudre beaucoup. A la fin du mandat, j’aurai fait quelque chose. Avant d’être aux affaires, on ne peut affirmer tout de go qu’on va tout régler. N’étant pas aux affaires, je ne sais pas ce qui se cache. Je suis un œil extérieur, mais une fois à l’intérieur, on pourra minimiser le poids du mal.

Si toutefois, je suis élue, j’agirai de mon mieux pour le développement de mon arrondissement et du secteur 41. Je demande aux populations, une fois dans les isoloirs, de bien voter, c’est-à-dire, voter le PAREN.

Comment se déroule votre campagne électorale ?

Nous faisons surtout de la campagne de proximité, du porte-à-porte, des assemblées générales pour échanger avec les populations. Les gros meetings où ont fait manger des gens qui n’ont souvent même pas de cartes d’électeurs, ce n’est pas dans notre programme. Nous allons avec l’électorat sûr.

En deux semaines, nous avons recensé l’électorat sûr. Nous faisons une campagne bien ciblée. Nous n’avons pas besoin de beaucoup nous faire voir. Le président Tahirou Barry l’a dit, un arbre qui tombe fait du bruit, mais une forêt qui pousse, c’est lentement et silencieusement. Nous cherchons donc à grandir.

Comment le message est reçu sur le terrain ?

Pour le moment, la population dit qu’elle a les yeux ouverts et qu’elle en a marre. Mais souvent ce que la bouche dit n’est pas ce que le ventre veut. Politiquement c’est difficile, l’homme qui a faim n’a pas d’oreille. Tout est cher, on a l’impression que l’argent a disparu. Les partis politiques qui ont l’argent vont certainement avoir des voix cette fois encore, mais nous avons espoir.

Pour qu’un arbre grandisse bien, il lui faut du fumier, de l’eau, désherber ; c’est ainsi que nous travaillons avec notre électorat pour préparer l’avenir. C’est ainsi que les autres partis ont aussi procédé. Nous avons plein espoir, parce que le PAREN est le parti des jeunes.

Votre idée de l’engagement politique des femmes ?

C’est vrai que ce n’est pas facile. La femme a toujours été perçue comme un bétail électoral. Mais de nos jours, je suis fière et contente parce que je sens que les femmes commencent à se réveiller. Elles ne se réveillent pas seules, elles se réveillent accompagnées de leurs maris.

C’est à la femme de convaincre son mari, le préparer pour qu’il accepte la position politique, pour qu’il t’accompagne dans ta lutte politique. Mais quand on veut forcer, c’est sûr qu’on n’y parviendra pas.

Il faut que nous femmes acceptions parce que le foyer, c’est le feu et l’eau, ça doit aller ensemble. Quand l’homme dit non, il ne faut pas se dire que tu vas lui montrer de quoi tu es capable. Accepte et reviens lui expliquer calmement ce qu’il y a et il va s’impliquer. Quand on veut aller toute seule, c’est normal que s’installe l’incompréhension dans le couple.

On dit que quand on fait confiance à la femme, elle arrive à déplacer des collines. C’est pareil en politique, quand on nous fait confiance. Il faut que les femmes s’arment de beaucoup plus de courage.

Entretien réalisé par Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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