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Mariam Maïga : L’émancipation de la femme, son cheval de bataille

samedi 4 avril 2020

S’il y a une personne qui n’est plus à présenter dans le milieu associatif au Burkina Faso, c’est bien, celle de Mariam Maïga, la fondatrice de l’association Zoodo pour la promotion de la femme. Elle revient de façon très humble sur son parcours et fait un focus sur cette association qui œuvre depuis plusieurs années en faveur des femmes en quête d’un devenir meilleur.

Maïga Mariam a suivi un parcours scolaire normal allant de la classe de CP1 jusqu’en terminal ou elle obtient le Baccalauréat. Dès lors, elle décide de passer les concours de la fonction publique et fut admise au concours d’infirmier d’Etat. Formée à l’Ecole nationale de la santé publique, elle débute sa profession d’infirmière au centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo en chirurgie.

Le déclic a lieu après quelques années de service. « A chaque garde, j’en souffrais. Ce n’est pas facile de soigner un malade tout de suite, vous rentrez chez vous après la garde, vous revenez trouver le lit vide. Et lorsque tu demandes, on te dit que votre malade est décédé hier soir. J’ai dit moi, je n’aurai pas ma place ici », témoigne-t-elle. Sa formation d’infirmière d’Etat lui a ouvert pas mal de portes. Elle postule à une offre d’une ONG américaine.

Ayant des compétences en santé, le choix des responsables se porte sur elle. Désormais, sa nouvelle mission consiste à organiser les femmes et les amener à réclamer leur droit à la santé sexuelle et reproductive. Elle va y rester pendant plus d’une dizaine d’année avant de se mettre à son compte.

Mme Maïga a un grand cœur si bien qu’elle se sent concernée par les problèmes des femmes. Pour cela, elle s’est entourée de professeurs, des ménagères, des secrétaires ayant les mêmes aspirations pour mettre en place une structure qui pourrait répondre à l’amélioration de la condition de la femme. C’est ainsi que l’association Zoodo pour la promotion de la femme (AZPF) a été créée en septembre 1996 et reconnue officiellement le 17 mars 1997. « Zoodo » est un vocable moaga que l’on pourrait traduire par « amitié ».

Intervenant dans près de 17 villages au Burkina Faso, cette association est basée à Ouahigouya où elle œuvre à travers divers projets. Parmi les activités développées, il y a l’éducation et le parrainage d’enfants (Ndlr : plus de 200 enfants parrainés à ce jour). « Nos premiers parrainés ont fini l’université. Et il y a d’autres qui sont en train de préparer les concours », déclare fièrement Mme Maïga. L’association s’est également illustrée à travers des activités économiques dont le tissage, la production du miel etc. Elle s’est investie aussi dans l’éducation environnementale. Sans oublier le volet santé. Actuellement, l’AZPF a un infirmier qui sillonne les villages pour soigner les personnes âgées, les enfants et les femmes.

La section Ouagadougou emploie une vingtaine de femmes

Pour arriver à mener toutes ses activités, ladite association a reçu l’aide de certains partenaires techniques et financiers que la fondatrice n’oublie pas de remercier dans chacune de ses phrases. Toutefois, au regard du contexte sécuritaire, les bailleurs de fonds se raréfient. « Finalement, nous avons décidé de nous délocaliser à Ouagadougou où se trouve présentement le siège social. Nous sommes arrivés dans cette ville avec trois petits métiers pour commencer le tissage. En deux semaines on a construit une vitrine », explique-t-elle.

Son sérieux témoigne de sa longue expérience dans le monde associative. A ce jour, la section Ouagadougou emploie une vingtaine de femmes. Ce personnel reçoit un salaire mensuel calculé sur la base de sa production. A l’AZPF, celles qui le désir, peuvent bénéficier d’un crédit pour se réaliser car la satisfaction de Mme Maïga vient de la réussite du personnel avec lequel elle travaille.

Après plusieurs années de combat et de dur labeur, la « maman des femmes » pense maintenant à la relève : « Je ne voudrais pas être là à travailler toujours. J’ai envie de me reposer. Donc, j’ambitionne que les jeunes puisse prendre la relève. C’est pourquoi, au niveau des différentes directions des activités, je mets beaucoup de jeunes ».

A la question de savoir pourquoi jusque-là elle n’a pas été décorée, Mariam Maïga répond : « C’est peut-être parce que je ne fais pas la politique. Sinon, si c’est sur la base de nos actions, on n’est pas moins méritante. Du reste, on est content de ce qu’on a fait ». L’appel qu’elle lance aux femmes, c’est de mieux s’organiser pour se prendre en charge et ne peut pas dépendre économiquement de leurs maris. Elle appelle également la jeunesse à plus de curiosité et à avoir l’amour de ce qu’elle fait. « Quand tu fais un travail, il ne faut pas penser à l’argent d’abord. Parce que quand tu réussis l’argent va venir », conseille-t-elle.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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