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Entrepreneuriat féminin : Sandrine Ouoba, la reine des purées pour bébés

mardi 23 janvier 2024

Titulaire d’un master en économie, Sandrine Ouoba/Ouédraogo est à la tête de « Doux Goûts », une unité dédiée à la transformation des fruits et légumes locaux en purée et compote pour les bébés à partir de 6 mois. Illustration du leadership féminin, cette entrepreneuse réalise un chiffre d’affaires de 15 millions de F CFA par an. Elle s’est ouverte à Lefaso.net pour parler de ses activités et des perspectives en la matière.

La période de confinement, consécutive à la pandémie de la Covid-19 en 2020, s’est avérée être une opportunité pour certains entrepreneurs. Economiste de formation avec plus de 10 ans d’expérience professionnelle dans le domaine de la coopération internationale où elle faisait le suivi évaluation des projets, Sandrine Ouoba/Ouédraogo, cofondatrice d’une unité agroalimentaire dénommée « Doux goûts », en a tiré profit. Son business de transformation de fruits et légumes locaux en purée et compote pour les bébés à partir de 6 mois ne s’est pas mal porté pendant cette période de restriction sanitaire. Si l’entreprise de dame Ouoba constitue une fierté pour elle de nos jours, cette avancée est intimement liée à une épreuve personnelle.

Mariée et mère de deux enfants, Mme Ouoba a une personnalité discrète et réservée. Tout n’a pas été rose avec son second enfant qui a connu une anémie. Suite aux conseils avisés de sa pédiatre et d’une nutritionniste, elle entreprend de façon progressive la création de purées maison à partir des produits du terroir, pour alimenter son fils, dans l’espoir de guérir son mal. Cette démarche a porté miraculeusement ses fruits. La santé de son fils s’est améliorée au fil du temps.

En plus de le voir recouvrer la santé, elle découvre une nouvelle opportunité commerciale. L’aventure de « Doux Goûts » débute en mars 2020, dans la cuisine de la promotrice à Ouagadougou, en tant qu’entreprise sociale engagée à promouvoir une alimentation saine pour les enfants. Elle met au point plusieurs produits alimentaires pour les tout-petits. Pour se faire connaître, elle crée une page Facebook et publie régulièrement ses produits. Le bouche-à-oreille aidant, la mayonnaise prend. Les clients commencent à affluer. Pour mieux s’imposer, elle a un partenaire de choix : sa sœur, Ida Joceline Sankara/Ouédraogo, dont la mission principale est de veille à l’image de la boîte. Depuis lors, ses activités n’ont de cesse de grandir, lui permettant d’installer une unité de transformation de produits agroalimentaires à Kossodo, un quartier de la ville de Ouagadougou.

Environ 15 millions de francs CFA en 2023

C’est sur les lieux qu’elle nous accueille, une matinée en ce mois de janvier. Sourire aux lèvres, elle ouvre la porte de l’entreprise bâtie sur une superficie de 600 mètres carrés. Avant toute chose, elle fixe une charlotte sur la tête, des chaussures de production et se désinfecte les mains, avant de nous offrir une visite guidée. Chez « Doux Goûts », la qualité sanitaire et nutritionnelle demeure une priorité absolue. Les purées sont produites en 14 saveurs dont la carotte, la carotte-patate douce, la banane, la betterave-patate douce, conditionnés dans des pots et vendues au prix de 800 francs CFA l’unité. Pour réaliser ces différentes saveurs, le travail est exigeant. « C’est une production semi-industrielle. On utilise principalement les fruits et les légumes qui sont riches en vitamine A et C et en micronutriments notamment la banane qui est riche en potassium », confie dame Ouoba. Très engagée dans une démarche d’assurance qualité, elle œuvre pour la certification de l’entreprise, qui est en cours.

Depuis le lancement en 2020, « Doux Goûts » a nourri 30 000 bébés contribuant ainsi à une alimentation saine et nutritive. Cette initiative a également entraîné la transformation de pas moins de 45 tonnes de fruits et légumes, valorisant ainsi la production locale. En termes de distribution, de 2020 à 2023, la structure est passée de zéro à 40 points de ventes avec une capacité de production mensuelle d’environ 100 à 3 000 pots pour un chiffre d’affaire d’environ 1,2 à 15 millions de francs CFA. Bien plus, Mme Ouoba et son associée emploient, à ce jour, une dizaine de personnes, principalement des femmes. Malgré leur bonne volonté, la production des purées de fruits et de légumes est confrontée à de nombreux défis, notamment des défis de structuration des fournisseurs, d’établissement des cahiers de charge et de communication.

30 000 bébés nourris

Mme Ouoba et son associée de sœur ont un dénominateur commun : leur engagement au niveau de la charge de travail pour que l’une ne marche pas sur les plates-bandes de l’autre. Elles sont aussi dévouées pour atteindre les objectifs fixés : doubler la capacité de production et le chiffre d’affaires. Aussi, elles songent à conquérir une clientèle hors du pays. Nées dans le même moule et éduquées de la même manière, les deux frangines Sandrine et Ida entretiennent une relation extrêmement forte.

« Même avant de travailler ensemble, on était assez proche. Cela remonte à notre enfance. Les gens pensaient qu’on était des jumelles. Notre complicité facilite le travail », témoigne la benjamine Sankara. En cas de désaccord, elles échangent et s’expliquent. « Il n’y a ni animosité, ni jalousie, ni coup bas qui pourraient poser problème », conclut-elle. Depuis le début de l’aventure, des « mamans » attestent de la qualité des produits des deux sœurs. « C’est du tester-rester. Les purées sont délicieuses. Mon fils adore. Merci pour la belle idée Doux Goûts », relève l’une d’entre elle.

« Doux Goûts, je confirme, rien que du bio, sans ingrédients chimiques. Mon bébé en raffole », confie une autre cliente. L’unité a raflé plusieurs prix, notamment le prix de la Fondation Occitane, le prix d’encouragement tremplin startup UEMOA, troisième prix Awa de la coopération belge 2022, et lauréat du prix de la Fondation Pierre Castel en 2023. Ces prix ont changé les habitudes professionnelles des deux associées. « Nous avons bénéficié d’accompagnement technique qui nous ont permis d’améliorer nos capacités en gestion d’entreprise et aussi de pouvoir acquérir du matériel pour pouvoir augmenter notre capacité de production et de produire de façon plus mécanisée les produits », confie Mme Ouoba, qui au passage a traduit sa reconnaissance aux parents et aux partenaires pour la confiance placée en elles.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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