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Entrepreneuriat féminin : « Les gens ont longtemps pensé que le domaine de la cuisine était réservé aux personnes qui n’ont pas réussi dans la vie », Diamilatou Bazié/Lompo, gérante du restaurant Crystal

mardi 19 mars 2024

Passionnée de cuisine depuis toute petite, Dame Bazié a su se frayer un chemin dans le monde de la gastronomie. Aujourd’hui propriétaire du restaurant Crystal International, Diamilatou Bazié/Lompo a reçu une équipe de Lefaso.net dans les locaux de son établissement. Dans cette interview, elle partage son expérience dans le monde de la gastronomie.

Lefaso.net : Parlez-nous de votre parcours en cuisine

Diamilatou Bazié/Lompo : Mon parcours en cuisine a été inspiré depuis l’enfance. J’ai eu une enfance dans la cuisine. Mes grandes mères, que ce soit du côté paternel ou maternel, étaient de grandes restauratrices. Donc naturellement la restauration était en moi. Ma mère a également fait de la cuisine et c’est par elle que j’ai commencé à apprendre la cuisine avec les livres de recettes.

Quelles sont vos sources d’inspiration culinaire ? Y a-t-il des cuisiniers ou cuisinières qui ont particulièrement influencé votre style ?

Je peux dire que celui qui m’a inspiré est maître Benjamin Compaoré qui est le président de l’Association des chefs cuisiniers du Burkina. C’est un homme pétri de talents en matière de gastronomie. Et grâce à lui, nous avons pu acquérir des connaissances en gastronomie africaine et particulièrement burkinabè.

Avez-vous déjà remporté des concours culinaires ? Et comment ces expériences ont-elles influencé votre approche en cuisine ?

Je n’ai pas beaucoup d’expérience internationale mais j’ai pu participer en 2023 au concours Chacugato au Togo où j’ai eu le premier prix de plat chaud. Le plat était composé de purée de haricot avec un blanc de poulet pané au sésame.
J’ai aussi eu la chance et le privilège d’aller au Nigéria avec l’Association des chefs cuisiniers du Burkina. Nous avons passé une vingtaine de jours au Nigéria.

C’est vrai que nous n’avons pas eu beaucoup de prix là-bas mais nous avons beaucoup appris parce que nous étions confrontés à plusieurs nationalités d’Afrique francophone ou anglophone. Nous sommes sortis riches en connaissance de la gastronomie.
Il faut noter que l’Association des chefs cuisiniers du Burkina a une année d’existence et a engrangé pas mal de prix en Tunisie, au Togo, au Nigéria et tout récemment en Russie.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre restaurant ?

La structure Crystal international est une structure qui évolue principalement dans la restauration. Le restaurant a deux volets. Il y a le volet restauration places assises. Le deuxième volet est la restauration grand public. Et quand on dit restauration grand public, c’est la restauration des hôpitaux, des universités, des cantines, etc. Nous avons pas mal de contrats dans ce sens qui nous permet de nous hisser. Et bientôt Crystal sera à l’international Dieu voulant.

Le restaurant Crystal places assises est situé au 1200 logements. Nous proposons le buffet à partir de 6.000 FCFA qui donne droit à une entrée bien garnie, à au moins 8 à 9 plats de résistance et des desserts. Le buffet est ouvert à partir de 12h jusqu’à 16h30. C’est un buffet quotidien du lundi au samedi. Et dans ce buffet, nous essayons de mixer les mets burkinabè, les mets africains et européens. L’essentiel c’est de favoriser des mets africains. Il y a des jours où vous pouvez trouver des spécialités burkinabè, comme ivoiriennes ou togolaises.

Diamilatou Bazié a remporté le 1er prix concours Chacugato au Togo en 2023

Avez-vous une anecdote en cuisine à nous partager ?

Les anecdotes, il y en a plein en cuisine. Je me rappelle une fois, il y a eu une commande de riz gras tchiep pour 100 personnes. Habituellement, nous le faisons sans problème, mais bizarrement ce jour, je ne sais pas ce qui s’est passé, les dieux de la restauration n’étaient pas avec nous. Nous avons monté le riz à la vapeur et lorsque nous avons fini, nous l’avons renversé dans notre marmite mais le riz n’a pas cuit.

Nous avons tout essayé mais rien ! Nous avons changé trois fois de marmites mais rien ! Finalement, nous avons appelé vers 11h le client pour lui proposer autre chose. C’était une expérience assez difficile et douloureuse pour moi parce que nous n’avons pas pu donner d’explications à ce qui venait de se passer.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le domaine de la restauration au Burkina ?

Les difficultés que nous rencontrons dans la gastronomie au Burkina, c’est que la plupart des clients burkinabè ne savent pas apprécier les créations. Ce n’est pas pour dénigrer mais nous sommes habitués à manger brut. Par exemple le babenda, nous savons qu’il se présente dans un plat avec du beurre de karité et du sel. Mais on peut le présenter autrement de sorte qu’il soit attrayant et c’est en ce moment on peut parler de gastronomie. Sinon le babenda présenté brut, c’est de la restauration burkinabè mais on peut le transformer en gastronomie. Quand on parle de gastronomie, il faut allier la présentation au goût et aussi les apports nutritionnels du plat.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes cuisiniers et cuisinières qui aspirent à exceller dans le domaine de la gastronomie ?

Longtemps, les gens ont pensé que le domaine de la cuisine était réservé aux personnes qui n’ont pas réussi dans la vie. Alors que c’est tout autre. Donc je conseille à mes jeunes sœurs et frères de se former dans la restauration. Nous, nous avons eu la chance d’entrer dans la restauration sans formation de base initiale même si le perfectionnement est venu après nos études universitaires. Mais aujourd’hui dès le bas âge, il y a la possibilité de se former et de sortir excellent et en ce moment, on devient compétitif sur le plan international et on peut également exporter le savoir-faire culinaire burkinabè à l’international.

Patricia Coulibaly
Hanifa Koussoubé
Lefaso.net

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