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Alimatou Diakité dite Rama, artiste musicienne chanteuse : « Je suis Rama grâce au commandant Papus Zongo »

mardi 16 juin 2015

Alimatou Diakité alias Rama est cette fille qui accompagnait son papa du nom de Limani Fatiè Traoré dit l’oiseau de mystère, avec des chants, lors de ses expositions et ventes de médicaments traditionnels dans les rues de Bobo-Dioulasso. Une fille qui s’est métamorphosée grâce, dit-elle, au commandant Papus Zongo, manager d’artistes. Aujourd’hui elle dit faire la fierté de sa famille, mais plus encore, du Burkina tout entier. Rencontre.

« Ahhh !!! C’est toi. La petite fille qui était toujours avec son papa lors de ses expositions de médicaments traditionnels et ses démonstrations de pratiques dozo ? Tu l’accompagnais avec la Kora lorsqu’il chantait ? ». C’est ainsi que s’est exclamée Mariam, une des spectatrices du concert organisé par Don Sharp Batoro dans le cadre de la sensibilisation sur l’enrôlement le 13 mai dernier à Ouagadougou. C’est bien elle. Alimatou dite Rama que l’on voyait avec le tradi-praticien affectueusement appelé Fatiè à Bobo-Dioulasso, un dozo (chasseur traditionnel) qui a pu capturer une hyène qu’il exposait dans une cage lors de ses sorties.
Toute petite, Rama s’est lancée dans la musique. Elle apprend à chanter et à jouer de la Kora, un instrument de musique traditionnelle. En 2008, elle participe aux compétitions de Faso Academy. Son aventure s’arrête malheureusement à la demi-finale. C’est pourtant à partir de cet instant que les portes s’ouvriront, et ce, grandement pour la jeune chanteuse.

De sa chambre d’hôtel, Papus Zongo confie avoir été séduit par la voix virevoltante de Rama. « Lorsque j’ai vu cette candidate fondre en larmes parce qu’elle n’a pas pu interpréter une chanson imposée alors qu’elle avait un bon timbre vocal, je me suis déplacé jusqu’au théâtre de l’amitié pour l’encourager. Je lui ai dit qu’elle avait de l’avenir et qu’à l’occasion, qu’elle n’hésite pas à me contacter », se rappelle encore le commandant Papus. Une chance que la jeune Rama n’a pas laissé passer. En effet, lors d’un de ses passages à Ouagadougou, elle a effectivement contacté Papus. Et ce fut le début de l’aventure. « Nous avons commencé à travailler ensemble. Rama est une artiste à voix, en plus de son instrument qu’elle manie avec maestria, et mieux, en tant que femme », confie le Commandant. Il reste convaincu que si un travail de fond est encore fait, il est évident qu’elle va représenter valablement le Burkina qui a, selon lui, besoin de montrer une bonne facette de sa culture. Rama a déjà fait ses preuves. A preuve pou ne pas aller trop loin dans le temps, lors de l’investiture du Président du Faso, Président de la Transition Michel Kafando. Elle accompagnait alors l’artiste slameur Don Sharp, de sa belle et suave voix entre les paroles de Batoro.

Son premier bébé s’appelle « Mougnou »

« Mougnou », qui veut dire « Patience » en langue dioula est le premier « bébé » de la jeune artiste de 22 ans. Un album de 11 titres qui, à l’en croire, se porte très bien sur le marché. Certes, l’artiste n’est pas encore connu du grand public, mais elle se dit patiente. « Je suis encore jeune et tout vient à bout à qui sait attendre. Aussi, la musique, ce n’est pas une course de vitesse », dit-elle. Dans cet album, elle aborde des thématiques relatives à l’amour, à la paix, au pardon… Le titre éponyme évoque l’hypocrisie des humains qui ne s’intéressent qu’aux choses qui ne les regardent point. « Ils laissent la paille qui est dans leur oeil pour en extraire celle qui est dans l’œil d’autrui. Je pense que chacun de nous doit être libre de ses mouvements, de sa pensée, de ses actions. Aussi, quand on critique, faut- il savoir proposer des solutions, il ne faut pas critiquer pour critiquer », soutient la jeune chanteuse.

L’aventure avec Batoro va à merveille

Il n’est pas rare de voir le duo Rama et Batoro pendant les soirées mondaines ou lors des cérémonies d’envergure. Ils sont permanemment sollicités par les organisateurs d’événements pour apporter du baume au cœur des invités avec des belles paroles. La rencontre avec Don Sharp est aussi le fait de Papus Zongo. « Je suis aujourd’hui Rama grâce à Papus. Je le remercie infiniment pour tout ce qu’il a fait et continue de faire pour moi », a-t-elle laissé entendre. Sont donc de ces bienfaits la rencontre suscitée qui est une merveille pour elle. Rama et Batoro sont sur des projets pour le grand bonheur des mélomanes de la musique burkinabè.

Jalousie, peur, foyer…mais que faire ?

La société africaine impose à la femme le mariage. Rama en est bien consciente. Mariée et mère d’un enfant, elle dit avoir la chance d’avoir un époux compréhensible. Qu’à cela ne tienne, les crises de jalousie ne manquent pas. Mais elle n’a pas peur pour son foyer. Cependant, déplore l’artiste, la gente féminine n’a pas bonne presse dans le domaine de la musique. Il en est certainement ainsi dans plusieurs domaines mais Rama déplore plus celle de son domaine. Elle se rappelle, en effet, avoir reçu plusieurs propositions indécentes, de la part de managers et producteurs. « Chacun vient tenter. Ils ont de ces expressions très dégradantes de la femme du genre : je veux la goûter aussi », confie-t-elle, l’air révolté. Pour Rama, personne n’est saint mais il y a une limite en toute chose. Femme au foyer, elle dit vivre de sa musique. Et à l’entendre, une femme, c’est naturellement sa dignité et le respect. La femme, poursuit-elle, c’est aussi la coquetterie. Pour n’avoir pas eu la chance d’aller à l’école (elle a arrêté l’école en classe de CE1 en cours du soir), elle encourage vivement les jeunes filles à accorder un grand intérêt aux études.

Bassératou KINDO
Lefaso.net

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