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Burkina/Consommer local : A la rencontre d’Aminata Kabré, la reine des infusions 100% naturelles

mercredi 2 novembre 2022

Produire des infusions à base de plantes locales, c’est la passion d’Aminata Kabré, promotrice de Voxell-Group. A l’occasion du « mois du consommer local », célébré dans les pays membres de l’UEMOA en octobre, nous sommes allés à la rencontre de la reine des infusions 100% naturelles qui rêve de conquérir le monde avec ses produits.

Après une carrière professionnelle d’une quinzaine d’années dans la logistique, puis dans une entreprise de sous-traitance minière qui l’a conduite au Sénégal et au Mali, Aminata Kabré est rentrée au bercail. Elle a décidé de ne plus repartir et s’est lancée en 2019 dans la production d’infusions à base de plantes et épices essentiellement locales. Kinkeliba, moringa, bissap, "djeka", verveine, vétiver, petit cola, citronnelle, feuilles de séné, gingembre, etc., tout y passe pour la production des infusions. Parti de 200 000 F CFA, aujourd’hui Voxell-Group, du nom de son entreprise, c’est aujourd’hui un chiffre d’affaires de plusieurs millions de FCFA.

Mais d’où est venue l’idée de faire des infusions ? Tout est parti d’un constat. Les Burkinabè consomment énormément de thé importé. Pourtant avec les plantes locales, il est tout à fait possible d’avoir des infusions aussi excellentes à déguster, que bonnes pour la santé. S’inspirant donc de remèdes de grand-mère, Aminata Kabré achète un mortier, un mixeur, des plantes, des écorces, des infusettes et décide de fabriquer des infusions. Aidée de deux de ses sœurs et d’un laborantin qui l’appuie dans la composition des mélanges, elle met au point quatre premiers types d’infusions. Tout était alors fait manuellement. Au regard du succès que connaît ses produits notamment hors des frontières burkinabè, elle embauche six femmes pour l’épauler.

Puis, petit-à-petit, trois ans après ses débuts, Voxell-Group a installé une unité de production moderne et le conditionnement est désormais fait de façon automatique. De quoi lui permettre de produire en plus grande quantité, mais aussi de façon encore plus hygiénique. L’entreprise emploie désormais une dizaine de personnes. Elle a aussi développé quatre nouveaux produits et donc en tout huit sortes d’infusion qui portent des noms en langue locale. On y trouve des infusions comme Ya yooli à base de kinkéliba, Wergou à base de verveine, Ola’Up à base de feuilles de séné, l’infusion Arzanna à base de moringa et Ya fassi à base de bissap.

Pour Aminata Kabré, il est important d’allier le goût au bien-être, c’est pourquoi elle a aussi mis au point des infusions spécialement conçues pour les femmes et d’autres pour les hommes. Pour les femmes, Aminata Kabré a mis au point l’infusion Mousso’ko à base de « djeka », qui soulage les règles douloureuses, détoxifie et lutte contre les infections et aussi M’nonga à base de vétiver qui favorise, entre autres, la lubrification. Pour les hommes, il existe l’infusion Kurupi à base de petit cola et de gingembre qui en plus de soulager le mal de dos, la fatigue, stimule aussi le désir sexuel chez l’homme.

Des infusions qui s’exportent bien

Quand elle a commencé à produire des infusions, Aminata Kabré s’est focalisée sur l’exportation, notamment vers le Mali, le Niger et le Sénégal, parce que dit-elle, la consommation d’infusion à base de plantes locales était bien ancrée dans les habitudes des habitants de ces pays. Ce qui n’était pas le cas au Burkina Faso. Mais les choses commencent à changer et la promotrice de Voxell-Group constate un changement dans les habitudes des Burkinabè qui consomment de plus en plus d’infusions et tisanes produites localement. Elle s’est donc engagée dans la conquête du marché local. Et pour ce faire, elle mise sur la qualité. C’est d’ailleurs cette recherche de la qualité, qui l’a conduite à entamer les démarches pour l’obtention de la certification de l’ABNORM (Agence burkinabè pour la normalisation).

Les difficultés

Comme dans toute entreprise, les difficultés ne manquent pas. Et pour Aminata Kabré, si le gouvernement burkinabè est à féliciter parce qu’il accompagne déjà les femmes entrepreneures, beaucoup reste encore à faire. Elle plaide notamment pour un accompagnement encore plus conséquent en termes de financement ou d’accès aux équipements. Elle souhaite en effet acquérir des équipements de production complémentaires, notamment entre autres, un séchoir électrique, un hydratateur, une broyeuse électrique.

Mais en attendant, elle travaille à obtenir la certification bio pour ses produits, à protéger sa marque auprès de l’OAPI et à former davantage son personnel sur les techniques modernes de production d’infusion. Et ce, afin de faire connaître ses produits made in Burkina partout dans le monde en commençant par la sous-région ouest-africaine. « Nous rêvons de vendre la marque Voxell made in Burkina un peu partout dans le monde en commençant par l’Afrique de l’Ouest. Nous voulons qu’on n’oublie ce qu’on importe parce que nous avons tout pour faire comme ce qui nous vient d’ailleurs », a-t-elle laissé entendre.

Justine Bonkoungou
Photo et vidéo : Ange Auguste Paré
Lefaso.net

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