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Burkina : Sara Maïga, un exemple de femme battante aux multiples casquettes

vendredi 19 avril 2024

Sarah Maïga est une jeune femme atteinte de nanisme. Une maladie génétique due à une malformation responsable de la petite taille chez l’adulte. La taille généralement varie entre 1 mètre et 1 mètre 30.

Marginalisée, et stigmatisée par la société à cause de cet handicap physique, elle se bat et arrive à s’en sortir bien dans la vie.

Sara Maïga est actuellement la présidente de l’Association burkinabè des personnes petites de tailles. Elle est née à Abidjan en Côte d’Ivoire, et est la 4e d’une famille de 5 enfants.

Les difficultés de la vie selon elle, ne l’ont pas empêchée d’être la femme forte, battante et autonome qu’elle est aujourd’hui. Pleine de vie et d’ambitions, Sarah Maïga lutte pour une meilleure prise en compte des personnes de petite taille.
Malgré son handicap, elle porte plusieurs casquettes et, par la même occasion, fait face à diverses responsabilités. Sara Maïga est secrétaire chargée de la formation et de la sensibilisation de la coordination régionale des personnes handicapées du Centre.

Selon Sara Maïga, il est rare de voir une personne de petite taille en circulation alors qu’elles sont nombreuses.

« C’est à cause de la marginalisation et des préjugés que ces personnes de petites de tailles préfèrent s’enfermer à la maison. Il y a des parents qui ne laissent pas leurs enfants de petite taille sortir parce qu’ils ont peur du regard, des moqueries des autres. Certains pensent que ce sont des monstres, des génies. Néanmoins, grâce à la sensibilisation que nous faisons, certains arrivent à surmonter les préjugés, mais ils ne sont pas nombreux. Nous continuons d’accompagner les autres afin qu’ils puissent s’en sortir également », dit-elle.
Pour sa propre expérience, Sarah Maïga explique qu’elle a connu une enfance compliquée. Elle a dû affronter le regard et les moqueries de son entourage à cause de son handicap. « Les enfants se moquaient de moi. Au début, je ne savais pas pourquoi, je ne comprenais pas. J’étais enfant, donc il était difficile pour moi de voir la différence qui existait entre les autres enfants et moi. Avec le temps, je me suis rendu compte que mon handicap était la cause de toutes ces moqueries », explique-t-elle.

Sarah Maïga est célibataire et cela, selon elle, est dû à son handicap. « Chaque jour, il y a des prétendants mais qui ne parlent pas de mariage », affirme-t-elle.
A l’en croire, elle a rencontré des hommes qui l’aimaient mais qui avaient peur du regard de leurs familles et de la société. « Si une femme de petite taille tombe même enceinte, les gens se moquent d’elle », dit-elle.

Elle n’a pas eu la chance de faire de longues études et s’est limitée à la classe de CM2. Elle a dû faire face à plusieurs difficultés. Parmi lesquelles, le fait de pouvoir se rendre régulièrement dans son établissement. « J’avais du mal à marcher. Je n’avais pas de tricycle non plus. Les parents, au regard de leurs occupations, n’étaient pas aussi disponibles pour m’accompagner à l’école. Les taximen refusaient de faire de petites distances chaque jour », indique-elle.

En plus, poursuit-elle, les conditions à l’école ne favorisaient pas mon apprentissage. « Les tables-bancs n’étaient pas adaptés à mon état, ce qui me rendais fréquemment malade. Mes pieds ne faisaient qu’enfler. Je ne parvenais pas à écrire au tableau car il était haut pour moi. A chaque fois, le maître me forçait à écrire au tableau, toute la classe se moquait de moi. C’était devenu comme une forme d’humiliation de sa part. Peut-être qu’à l’époque, il ne savait pas que cela avait des inconvénients, mais psychologiquement, ces actions ont joué sur moi et sur mes études », confie-t-elle.

Sarah désirait se former dans des centres de jeunes filles afin d’apprendre la couture et se perfectionner en tricotage mais malheureusement, elle était à chaque fois rejetée lorsqu’elle entamait les démarches pour un centre. Par la suite elle a demandé de l’emploi dans plusieurs télécentres mais sans suite favorable.

Avec un niveau CEP, elle a aussi tenté le concours des filles de salle sans succès. « Les gens pensent que les personnes handicapées sont limitées et ne peuvent rien faire. Ce n’est pas forcément de la méchanceté. Souvent c’est parce qu’ils ignorent notre potentiel », fait-elle savoir.

Sarah est parvenue finalement à se former en animation. Suite à cela, elle a appris également la fabrication des foyers écologiques. Elle a ensuite été recommandée à une organisation où elle a travaillé en tant qu’assistante technique de projet. C’est ainsi qu’elle a obtenu un métier lui permettant de bénéficier d’un salaire.

Par la suite, elle a créé sa propre structure dénommée « Climate sol ». C’est une structure à but non lucratif qui évolue dans le domaine de la protection de l’environnement.

« Sur le marché, deux foyers ont été mis en vente à savoir le foyer Nafa gaz au bois et le foyer Nafa gaz au charbon. Ce sont des foyers très écologiques faits à base de tôle recyclée et de jante recyclée. Ce sont des foyers qui varient du numéro 2 au numéro 30 », indique-t-elle.

Pour Sara Maïga, le handicap n’est pas une fatalité et il faut se forger pour s’en sortir. Pour elle, les personnes handicapées sont les meilleures et les plus intelligentes.

Elle a de ce fait lancé un appel aux autorités et aux personnes de bonne volonté à accompagner sa structure sur le plan moral, psychologique, financier.

Carine Daramkoum
Lefaso.net

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